Pedro de Oxum

32min14

Incorporation. Terecô. Pedro de Oxum. Dona Chica Baiana & Dona Maria Padilha. Codó. Maranhão

Pedro de Oxum

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Incorporation. Terecô. Pedro de Oxum. Dona Chica Baiana & Dona Maria Padilha. Codó. Maranhão

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Pedro de Oxum

Les ruelles sont simples. C’est le Brésil humble. Le Brésil de l'intérieur. Dans la région de Codó, capitale du Terecô, dans l’État du Maranhão, les façades des maisons sont couleur terre, et leur entretien se fait sans relâche. Des enfants jouent dans la rue, et les cloches des églises marquent le rythme de jour qui passe, comme un fond sonore pour ceux qui y vivent : ici, habitent des encantados qui régulièrement viennent discuter,  chanter, et offrir des conseils à ceux qui sont à la recherche de la foi.

Dans une de ces maisons modestes, habite un homme toujours accompagné de deux femmes. Pedro de Oxum était âgé de neuf ans quand il reçut les entités pour la première fois : Tout à coup, ses pieds ne semblaient plus toucher le sol, et il se retrouva suspendu dans un espace situé entre passé et futur et qui n'était pas le présent, dans un lieu absent de toutes les cartes. Lors de ses premières expériences transcendantales, il criait et pleurait, mais il n’avait pas peur, et il n’avait pas le choix : la difficulté serait dorénavant de pouvoir expliquer à tout le monde ce que lui seul parvenait à voir.


"Un sort, c’est comme le vent : tu le sens”

Pedro de Oxum

Les années passant, Pedro s’aperçut à quel point il était béni d’avoir la compagnie de Chica Baiana et de Dona Maria Padilha : seul un homme guidé par une grande lumière peut avoir le privilège, comme lui, d’être la voix de deux femmes si fortes au cours d’une seule vie. Peu à peu, il adapta sa maison afin de recevoir au mieux celles qui le possédaient. Il renforça sa foi en construisant des chambres et des autels qui permettraient de faciliter leur venue quand elles voudraient se manifester. Il leur trouva des habits à leurs goûts, il accepta l’aide de son entourage. Ses jours devinrent une mise en scène pour Chica et Maria.

Dans chacune des chambres de ces deux femmes aux goûts et aux personnalités si différentes, Pedro prie, allume des cierges, et joue des maracas, l’instrument de connexion entre lui et ces entités divines.

"Qui est plus puissant que Dieu ?

Personne"

Oration en forme de question-réponse prononcée lors d’une séance d’incorporation

Pour bénéficier des conseils de Chica Baiana et Dona Maria Padilha, il faut prendre rendez-vous un certain temps à l’avance. Car déjà très tôt, Pedro apprit qu’il ne faut pas confondre son emploi du temps avec le leur : tout doit être organisé idéalement pour que l’énergie circule bien. Humble et délicat, Pedro agit comme un relais, et accepte en échange n’importe quelle contribution qu’on veuille bien lui laisser : sa monnaie favorite, c’est l’expansion du bonheur.

Chica est descendante de deux lignées d’encantados : des Baia et de celle des turcs du Tereco. Et étant Baiana, elle est vêtue de couleur jaune doré, la couleur des bois enchantés où elle est appelée. Elle est joyeuse, sincère, et travaille avec acharnement pour obtenir ce qu’elle désire. Elle apprécie la cachaça, le tabac et provoque le rire.


"Teresa boit de la cachaça directement à la bouteille,

Teresa est cabocla, Teresa n’est pas docile"

Chant de louange issu d’une séance d’incorporation par Pedro de Oxum

Dona Maria Padilha est une reine d’Espagne, elle est séductrice et aime le rouge. Une Encantada enchanteresse. Les histoires où elle apparaît parlent de conquête, de désirs et d’amours, extrêmement coquette et grâcieuse : elle est Exu, elle est Pomba Gira. Elle est tout ce qu’elle désire.

"Maria Padilha, j’ai besoin de toi

Pour jouer à la marelle.

Si je perds, tu me gagnes,

Si je gagne, tu es à moi"

Chant de louange issu d’une séance d’incorporation dans le Terecô de Codó

Quand les bougies sont allumées, Pedro de Oxum est une voix, une mélodie qui se dévoue aux volontés de Chica Baiana et Dona Maria Padilha. Une fois qu’elles sont éteintes, Pedro de Oxum redevient l’un de ces braves hommes du Nordeste comme il y en a tant : ces gens qui savent, un peu partout dans les campagnes brésiliennes, qu’une personne qui  frappe à votre porte, c’est toujours une nouvelle opportunité pour pouvoir donner un peu d’espoir et d’amour à quelqu’un.

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