Almas e Angola

Sur le sol, une croix à l'intérieur d’un étoile. C’est la croix des âmes : celles des pretos velhos, des Exu et des Pomba Gira, c’est l’étoile d’Angola. Il n’y a pas de doute, la foi remplit l’espace. Les épaules tremblent, les yeux se révulsent, les visages se crispent. Ce sont les entités venant habiter les corps qui foulent le sol de ce lieu dédié aux âmes et à Angola.

On dit que cette religion serait née à Rio de Janeiro et qu’elle serait dérivée de la cabula, un syncrétisme afro-catholique ayant prospéré dans des zones agricoles au temps de l’esclavage, quand le candomblé connaissait au Brésil une grande persécution. D’autres affirment que l’Almas e Angola serait soeur de l’umbanda. Quoi qu’il en soit, entre Afrique des orixás, culte des ancêtres, esprits d’esclaves noirs et Indiens persécutés, les influences sont multiples, tout cohabite.

“Nous travaillons avec les forces de la nature,

la magie des guérisseuses

et la sagesse des orixás”

Père Alex de la Tenda Espírita Oxosse Caçador

Il y a vingt-deux ans, le Père Alex vint s’installer dans la banlieue d’une ville brésilienne connue aussi sous le nom de l’Île de la Magie : Florianópolis, une bande de terre situé dans le Sud du Brésil où l’on trouve quelques-unes des plus belles plages du littoral. La Tenda Espírita Oxosse Caçador (Centre Spirite Oxosse Chasseur), comme souvent pour les lieux dédiés à la religion Almas e Angola, a été érigé sur un emplacement de grande puissance spirituelle. Elle suit la ligne almas de l’umbanda et son patron est l’orixá de la guérison, Obaluaê.

Stimuler la guérison et le développement spirituel, voilà la raison d’être de tous les trabalhos au sein de la tente du Père Alex, qui connaît bien l’impact positif de son action dans ce quartier pauvre et en marge de la ville. On vient pour se connecter aux ancêtres, on vient pour sentir la magie, la musique, montrer son appartenance à la communauté, on vient pour se rapprocher de soi-même.

“Un parfum dans l’air,

Sept roses rouges,

Je prendrai la plus belle”

Chanté lors de la gira d’Exu à la Tenda Espírita Oxosse Caçador

Parmi les fêtes les plus exubérantes, il y a en a une que l’on dédie à celui dont l’énergie purifie les chemins et qui fait la connexion entre la terre et le sacré, celui qui ouvre les portes. C’est Exu, orixá et entité afro-brésilienne que les préjugés ne cessent d’accabler partout au Brésil : de l'interprétation erronée construite à travers une vision chrétienne du Monde, on en a fait l’incarnation du mal. Il serait le Diable.

“Exu est très attaché à la terre, il nous accompagne 24 heures sur 24.

Il a besoin d’alcool et de cigares, car il s’alimente de leur énergie.

Mais il n’est pas le diable. Il tient entre les mains notre vanité, mais aussi notre bonheur”

Pai Alex de la Tenda Espírita Oxosse Caçador

Lors de la gira à Almas e Angola, l'exubérance de la vie se manifeste à travers les corps qui accueillent des pretos velhos, des Maria Padilha, des caboclos. Tous vêtus de leurs plus beaux habits, ils font de l’air un rideau de fumée supra-temporel et mélangent les senteurs des corps aux breuvages de la vie.

Tandis que sur et autour des atabaques, les corps s’alignent et se connectent, on se prend dans les bras, on se séduit et l’on se rassure les uns les autres à travers un regard. Le sol orné de l’Étoile prend soudainement l’air d’un ciel sacré. Ici et maintenant, chacun brille et l’on danse la joie d’appartenir à celui qu’on aime. Alors la liberté contagieuse se fait danse et chacun, en se joignant au chant général, célèbre la version la plus belle de son histoire.

“Nous sommes comme le laiton,

si on nous polit, nous devenons bijoux”

Père Alex de la Tenda Espírita Oxosse Caçador