Centro Metamorfose
23:49
Tantra. Trance. Metamorphosis Center. Dhyan Raghu. Garopaba. Santa Catarina state
Tantra
Un cri émerge de l’intérieur, d’un lieu si profond qu’il est impossible à situer. Un soupir sans cesse répété d’émotions en boucles. Embrasser son prochain, sentir l’air, saisir le désir... spasmes, tremblements... angoisse et apaisement
“Il est important de faire sortir ce qui est bloqué dans le corps”
Dhyan Raghu
Pourquoi suis-je incapable d’éprouver du plaisir ? Comment surmonter une dépression ? Pourquoi ai-je des problèmes avec la personne qui partage ma vie depuis des années ? Suis-je capable d’échanger mon agressivité par de la tendresse ? Pourquoi je n’arrive pas à exprimer ce que je ressens ? Pourquoi je répète toujours les mêmes comportements dans mes relations ? Puis-je développer ma sociabilité ? Pourquoi ai-je tendance à érotiser systématiquement mon quotidien et pourquoi je n’arrive pas à trouver l’amour ?
Ce sont des questions de ce type que l’on traite lors des rituels et des cures tantriques, un courant spirituel qui travaille les énergies du corps et qui aborde directement la sexualité. Chose peu commune, quand ces thèmes sont bien souvent bannis des textes de la philosophie et de la foi. Pour les adeptes de cette ligne spirituelle apparue en Inde, mettant en avant les discours et pratiques millénaires des anciennes sociétés matriarcales et du maître indien Osho, le sexe, l’orgasme et la liberté ne sont en aucun cas des tabous.
“Celui qui prend conscience de son chakra sexuel
prend conscience de son autonomie, de sa liberté,
et ne sera pas sujet à certaines privations et à certaines explorations”
Dhyan Raghu
L’Université de la Nouvelle Sexualité Humaine, le Centro Metamorfose, pratique les thérapies tantriques au Brésil depuis 1996 : ce sont des dizaines de thérapeutes originaires des quatre coins du pays qui font la promotion de rencontres et de conférences ayant pour but de redonner son rôle fondamental au Tantra, libérer l’humanité qui sommeille en chacun de nous.
“Le Tantra ne programme pas, au contraire, il formate.
Son but est de purifier.
Une foi que tu es assaini, tu disposes d’espace pour te restructurer”
Dhyan Raghu
Il s’agit bien d’une philosophie, et non pas d’une religion. Mutant et contradictoire, le Tantra est imparfait comme l’être humain : il est son reflet et non son remède. Il dialogue avec le yoga, le bouddhisme, mais se réinvente constamment dans l’intention d’ouvrir des espaces propres à chaque individu. La méthode adoptée, le Deva Nishok, a comme objectif l’éveil des sensations du corps. On emploie des techniques de massage, des exercices de respiration, et l’on organise des rencontres, comme celles du Chemin de l’Amour (“do caminho do Amor”).
“L’amour est la meilleure des cures
dont l’être humain peut témoigner”
Dhyan Raghu
Pendant trois jours de danse où le mouvement vient créer l’espace entre et à l’intérieur des corps, les groupes viennent parcourir ce Chemin de l’amour. À travers l’immersion et le don de soi, les participants sont stimulés à libérer leurs émotions réprimées et apprendre à travailler leurs différents modes vibratoires. Tous les chakras sont activés sur ce chemin, au fil d’une véritable épopée de l’esprit vers le coeur.
“Ce n’est pas l’érotisme que l’on cherche.
Pour nous, l’érotisme est pauvre,
il stimule la fantaisie, non pas la réalité”
Dhyan Raghu
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le Chemin de l’Amour n’est pas une pratique sexuelle collective : le Tantra travaille les sensations individuelles et non pas l’image que les autres se font de cela. Au fil des jours, un récit expérientiel émerge de l’histoire singulière de chacun : on commence par se présenter, puis on passe aux exercices d’explosion musculaire, à des séances de respiration tantôt coordonnées tantôt chaotiques, aux discussions en groupe, puis viennent les stimulations corporelles au contact des autres et des Éléments.
“Quand on ouvre son corps, les énergies en sortent plus facilement.
Le rire vient plus facilement, les pleurs viennent plus facilement”
Dhyan Raghu
Dans une sorte de malaise, quelques rires retentissent d’abord... puis quand les participants se laissent aller, comme dans une explosion de joie, le plaisir devient incontrôlable. Un peu plus tard, c’est l’humilité qui envahit les âmes lorsqu’il s’agit de laver les pieds d’un partenaire qui souffre. Puis un autre travail à deux commence ensuite : les participants entrent en connexion, les jambes unies sur celles de l’autre, se rejoignent et se superposent. À travers un travail sur la respiration, l’ensemble des énergies sexuelles concentrées dans les muscles pelviens est sollicité : on fait alors l’expérience d’un orgasme spirituel qui permet de recouvrer le plaisir refoulé, sans même qu’aucun contact sexuel n’ai réellement eu lieu. Enfin, dans un dernier acte et comme pour dénouer ce qui a encore besoin de l’être, c’est sous le ciel et face à la mer que dépouillés de leurs vêtements, mais armés de courage et vêtus de la terre, dans un lâcher-prise contagieux, les corps vont s’offrir à l’univers et aux sentiments originels.
Ayant soudain pris conscience d’une partie d’eux même dont ils ne soupçonnaient pas l’existence, grâce aux stimulations, aux outils qui mènent à la révélation, chacun laisse dorénavant ses sentiments envahir ses expressions. Les larmes et les cris sont comme des histoires sublimes qui demeuraient secrètes, enfouies dans des corps déguisés, au sein d’une société qui nous enseigne la dissimulation. En exorcisant les souvenirs qui s’entassent au fond de la mémoire, le Centre Metamorfose fait tomber les frontières et permet de regagner la perception de sensations qu’on ne doit surtout pas laisser se perdre.