Bom Jesus de Lapa
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Pèlerinage de Bom Jesus de Lapa. Catholicisme. Bom Jesus de Lapa. État de Bahia. Depuis le XVIIe siècle. 700 000 pèlerins par an
Pèlerinage à Bom Jesus de Lapa
A sept cents kilomètres à l'intérieur du sertão, un homme marche seul, portant dans ses bras tout l’espoir du monde et deux images; Notre Seigneur le Bon Jésus et Notre Dame des Douleurs, pour éclairer son chemin. Longeant les rives d'un autre Saint, le fleuve São Francisco, il est à la recherche d'une nouvelle histoire. Dans sa quête, il débouche sur un horizon surplombé par une montagne de quatre-vingt-dix mètres dont les neuf grottes servent d'abri aux jaguars. Il s'installe dans un village d’Indiens Tapuia, au milieu des rochers solides comme sa foi.
“Quand la foi nous porte, rien ne nous fait obstacle”
Prêtre de Bom Jesus de Lapa
C'était au XVIIe siècle, et ce voyageur s'appelait Francisco de Mendonça Mar, né à Lisbonne et fils unique d'une famille d'orfèvres, qui s'était embarquée pour l'autre côté de l'Atlantique. Il ouvrit un atelier à Salvador où il acquit très vite une réputation de peintre et artiste de qualité. Cette renommée lui valut une invitation : peindre le palais du Gouverneur Général du Brésil à Salvador, à la demande de son occupant lui-même, le gouverneur Matias da Cunha. Le travail fut accompli avec soin, mais sa seule récompense fut d'être emprisonné. Il fallut une lettre du roi du Portugal pour qu'il soit libéré. Il partit alors pour la grotte du sertão, où il construisit sa vie d'ermite, il n'emmena que le Bon Jésus et Notre Dame des Douleurs… mais ce Portugais coriace comme un homme du sertão ne fut plus jamais seul.
“Qui vient là?
Qui vient là?
Qui vient en cette marche de Jésus?
Qui vient là?”
Chant de louange pendant le pèlerinage
Malgré son choix d'habiter en un lieu si obscur, la lumière de ses bougies et la force de ses prières attiraient l'attention. C'était l'époque où les prospecteurs quittaient le Nordeste en direction de l'or de Minas Gerais. Les voyageurs passaient chez lui pour faire sa connaissance, les malades et les pauvres y trouvaient un abri. Ils buvaient l'eau s'échappant des roches, et enrichissait leurs histoires de miracles et guérisons. Une ville s'est dressée autour de la grotte face à la foule grandissante. Elle est aujourd'hui la Capitale de la Foi de l'état de Bahia.
À Bom Jesus de Lapa, sept cent mille pèlerins viennent chaque année sur les pas de Francisco Mar : le prêtre qui mourut après soixante-cinq ans de vie consacrée aux personnes simples et pèlerins comme il l'avait été. De Bahia et de tout le Brésil, à pied, en bus ou en faisant du stop, les visites au Sanctuaire du Bon Jésus sont innombrables. Ces pèlerinages sont initiatiques pour familles catholiques. Ces paysages appartiennent à l'imaginaire de tout Brésilien qui ressent le besoin de rendre grâce.
“La première fois, je suis venue avec mes parents, le voyage était très agréable.
On mangeait de la rapadura et de la farine de manioc sur le chemin.”
Pèlerine à Bom Jesus de Lapa
Du 28 juillet au 6 août de chaque année, le sanctuaire est l’un des principaux pèlerinages au Brésil. Dix jours de marche dans les alentours, de messes, d'accomplissement de vœux faits à Bom Jesus de Lapa. Les pèlerins répètent les gestes de père Francisco qui priait pendant des heures dans la grotte, accompagné par des Indiens, des quilombolas et des voyageurs : le Sanctuaire recrée le temps des litanies. Ses parois et ses eaux sont célébrées comme des éléments magiques et sacrés par ce peuple de chrétiens.
Il s'agit d'un moment très spécial, d'énergie positive et de gratitude. À cette époque, on voit venir beaucoup de pèlerins du sud de Bahia : leurs chapeaux, leurs habits aux motifs colorés et leurs visages souriants sont comme une leçon de composition. Même assaillis par le soleil, lorsqu'ils accomplissent leurs vœux à genoux, ou lorsqu'ils portent leurs ex-votos qui signifient qu'un souhait leur a été concédé, ils emploient des chansons et le langage de tous les jours pour exprimer leur gratitude. Dans les coins du Sanctuaire, au milieu des chemins parcourus, ils se dirigent aux saints catholiques comme s'ils discutaient entre camarades, ils se sentent proches et confortés dans une relation d'identification dans la simplicité.
On lève les mains, on applaudit, on souffle dans des cornes. Les larmes qui coulent rappellent l'eau sacrée des parois de la grotte, la rivière qui les longe aussi, avec sa volonté d'espoir. Ces eaux qui tombent par gouttes sont la sueur salée d'autant de Franciscos qui n'ont pas renoncé à voir et à être inspirant: goutte à goutte, c'est ainsi qu'a lieu le cheminement de ce peuple du sertão du Brésil.
“Je t'aimerai, Seigneur!
Je t'aimerai, Seigneur!
Je ne rencontre la paix et la joie que bien près de toi”
Chant de louange pendant la messe
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