A Barquinha
24:51
Barquinha (Petite Barque). Spiritisme. Ayahuasca. Santo Daime. Centre Spirite Daniel Pereira de Matos. Rio Branco. État de l’Acre. Maître Antonio Geraldo da Silva Filho.
Album
La Barquinha
Devant l’oratoire, une viole. Dans l’air, les vapeurs de l’encens. Sur les têtes, des casquettes de marin, aux murs, des images de saints catholiques et dans les mains, des verres pleins du thé extrait de la plante sacrée : le Daime. D’autres éléments se présentent à nos yeux. La croix du corps de Jésus rappelant l’engagement à la foi chrétienne. Les dessins de rameaux évoquant la charité. Et tout autour, le bleu des au-delà du ciel et des mers. Emplissant l’espace de leurs douces vibrations, les hymnes qui éduquent et conseillent : des chants aux accents, aux rythmes et aux évocations africaines, amérindiennes et européennes, des chants venus d’une multitude de Brésils.
“Faites que je cherche plus
À consoler qu’à être consolé,
À comprendre qu'à être compris,
À aimer qu’à être aimé,
Car c’est en donnant que l’on reçoit,
Et c’est en pardonnant que l’on est pardonné,
Et c’est en mourant que l’on accède à la vie éternelle.”
Prière de Saint François d’Assise, chantée lors des trabalhos de la Barquinha
Les trabalhos rappellent une messe chrétienne, ou une réunion de famille : vêtus d’uniformes, les participants chantent, on lit l’Évangile de Jésus-Christ et les conseils psychographiés de ceux qui accueillent les esprits. Le samedi, on parle des oeuvres de charité. On organise aussi des trabalhos pour les cures, on commémore les fêtes annuelles et les saints : Saint François d’Assise, adoré par les gens de la Barquinha, est l’un d’entre eux.
“Un petit bateau traversant le monde pour sauver ceux qui sont perdus”
Définition de la religion de la Barquinha, par Maître Antonio Geraldo da Silva Filho
La Barquinha, c’est un voyage à travers l’odyssée de l'existence. Et un principe : dans la vie, pour ne pas couler, il faut travailler. Mais bien plus qu’un croisement harmonieux entre des foi les plus diverses, la Barquinha est avant tout ce que nous évoque son nom : un espace-temps où il y a de la place pour tous ceux qui désirent se trouver.
Cette doctrine fut fondée par Frère Daniel, un homme né dans l’état du Maranhão et qui partit pour Rio Branco, capitale de l’état de l’Acre dans le Nord du Brésil, à la recherche d’une vie nouvelle. Cette ville, qui compte aujourd’hui plus de trois cent mille habitants, aux frontières de la Bolivie et du Pérou, n’était qu’un simple village au milieu de la forêt amazonienne quand Daniel s’y rendit pour la première fois. C’est là qu’il fit la rencontre de Maître Irineu, qu’il se rapprocha des peuples indigènes et qu’il commença son travail avec le Santo Daime.
“La première chose que le Daime te montre, c’est qui tu es exactement”
Mestre Antonio Geraldo da Silva Filho
Avant, Daniel avait la réputation d’avoir une vie de bohême, chantant l’amour à Rio Branco, il buvait tant qu’il en tomba malade. C'est Maître Irineu qui lui permit d’en guérir. Un jour, lors d’une séance de Daime, les esprits lui révélèrent que sa mission était de fonder une nouvelle branche de la doctrine. Il commença alors à se recueillir chez lui avec sa famille pour recevoir les enseignements des entités et des esprits : d’abord, ils lui murmuraient des paroles qui devaient être partagées entre les participants, puis les adeptes de la Barquinha recevaient la mélodie. Ces mélodies constituent les hymnes que l’on répète avec force lors des représentations en groupe. Les musiciens et les officiants ne sont pas maîtres de ces chansons, ils ne sont que des véhicules, des interprètes.
“Ceux qui arrivent à la Barquinha voyagent à travers les hymnes et en sortent transformés”
Maître Antonio Geraldo da Silva Filho
Frère Daniel transmit ces pratiques et enseignements au maître Antonio Geraldo, qui à son tour les transmit à son fils, qui aujourd’hui est devenu Maître Antonio Geraldo Filho, celui qui dirige les trabalhos de la Barquinha de Rio Branco. Le breuvage est préparé à partir de liane et de feuilles de chacruna, mais le Daime, c’est aussi l’eau et le feu, le sérieux et la responsabilité. Et le Daime, à la Barquinha, c’est comme une prìere, c’est important, ce n’est pas fondamental.
“Donnez-moi la joie.
Donnez-moi la paix.
Donnez-moi la possibilité de percevoir nos défauts”
Maître Antonio Geraldo da Silva Filho
Ainsi, quand il est question du breuvage sacré, une grande rigueur est de mise. Il ne peut pas être vendu, et on ne peut le prendre que les jours de séance. C’est une outil que Dieu met à disposition pour aider à la compréhension. Les adeptes ne font pas tous usage du Daime, et il n’est pas présent à tous les rituels.
“Le Daime est un privilège, un cadeau que Dieu nous a donné.
Le Daime n’est pas tout. Dieu est le Tout”
Maître Antonio Geraldo da Silva Filho
Alors, pour garder le cap et emporter avec eux la foi sur leur chemin, les gens de la Barquinha gardent toujours au coeur ce qu’il y a de plus simple et aussi de plus difficile à atteindre : le respect et l’amour, indispensables à l’écoute attentive des voix de l’invisible.
“Si tous les êtres humains buvaient le Daime,
comme il se doit,
avec respect et amour...
le monde serait certainement beaucoup plus fraternel,
beaucoup plus affectueux”
Maître Antonio Geraldo da Silva Filho
Ainsi, les éléments pris individuellement importent moins que l’harmonie entre eux : jamais il n’y aura de tempête assez forte pour renverser une barque où tous rament en choeur.
entretien
Philippe Bandeira de Mello
12:09
Outtakes
A Barquinha (song outtake)
06:07