Povo Yawanawá

42min10

Peuple Yawanawá. Chef Bira Yawanawá. Territoire Indigène Gregório Rosário. Etat de l’Acre. Population inférieure à 1000 personnes

Povo Yawanawá

42:10

Peuple Yawanawá. Chef Bira Yawanawá. Territoire Indigène Gregório Rosário. Etat de l’Acre. Population inférieure à 1000 personnes

Album

Le Peuple Yanawaná

 

Sucer le coeur d’un serpent sucuri, renverser une ruche d’abeille, s’abstenir de sexe, ingérer la boisson sacrée ayahuasca, des piments, du rapé.

Ces activités contribuent, parmi d’autres, à la formation du chef spirituel des Yawanawá, peuple de l’état de l’Acre au Brésil, qui entra pour la première fois en contact avec les Blancs il y a seulement quelques générations. Le fait que les chants de cure et les prières de ce groupe d’environ mille indigènes, locuteurs d’une langue de la famille Pano, se soient répandu bien au-delà de leur territoire leur a donné un rang prééminent dans le monde de la spiritualité brésilienne.  

Je ne parle pas de religion. Je parle de spiritualité, car cest quelque chose de sacré et de souverain : elle ne connaît ni les couleurs, ni les races, ni les langues”

Cacique Bira Yawanawá

Parmi les techniques les plus répandues de ce peuple, on trouve la shuãnka, une prière en langue Yawanawá, ainsi que l’assopro (le souffle) et la xynaia, rituel où le guérisseur prend de l’ayahuasca et prie, en enchantant de ses mots un pot plein de caiçuma, un breuvage de manioc fermenté destiné au malade. Les diagnostics et l’ordonnance correspondant à chaque cas sont obtenus en analysant le rêve que le patient a fait avant de tomber malade.

Les Yawanawá savent extraire le poison d’une grenouille vivant près des marécages, qui leur sert de stimulant et de remède puissant. Cette substance, qu’ils appellent Kambô, commence par provoquer des vomissements et des sueurs intenses, mais purifie ensuite le corps - et l’esprit - de tous les maux qui s’y sont installés.

Pour les Yawanawá, la cure et le sacré sont presque synonymes d’art : les rituels d’ordre spirituel sont aussi les occasions où l’on fait le plus usage des céramiques, des paniers, des peintures corporelles à base d’urucum et de jenipapo. Lors du Mariri, une de leurs fêtes principales, les Yawanawá se parent de jupes en fibres de palmier-bâche, de coiffes en plumes et de bracelets colorés.

Le cacique Bira, qui s’efforce avec zèle de maintenir vivants les savoirs de son peuple, est respecté non seulement au Brésil mais dans le monde entier pour le mouvement de préservation et d’ouverture des savoirs indigènes qu’il organise dans le village qu’il a nommé Nova Esperança (Nouvel Espoir). Il est aussi responsable de la protection de son peuple contre ces deux inventions qu’il considère comme les pires des calamités : la télévision et l’alcool.

"Avant, personne ne nous appelait Yawanawá, on nous traitait de caboclo. C'est un mot qui, pour les Brésiliens, signifie “sans origine”, quelle idée de l’appliquer à nous,

qui sommes des fils de la terre !”

Cacique Bira Yawanawá

Bira fut un des premiers à quitter son territoire pour la grande ville, en allant, à 17 ans, étudier à Rio Branco, capitale de l’Acre : avant cela, il n’avait jamais vu de réverbère, ni de voiture, ni de vitrine. S’il fut impressionné par la technologie des Blancs, Bira prit aussi connaissance des droits de son peuple, son droit à sa terre, à sa culture et à son mode de vie. À 18 ans, il était déjà actif au sein du Mouvement Indigène Brésilien et, en 1992, il était présent au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, fort de l’expérience acquise lors des conférences et discussions auxquelles il participa en plusieurs villes d’Amérique Latine.

À cette époque, Bira voulait intégrer l’université, devenir anthropologue : les préjugés dont il a été l’objet toute sa vie lui avaient inculqué une honte d’être “seulement” Indien. À force de parcourir le monde des Blancs, sa confiance et sa compréhension de soi se consolidèrent jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il était déjà, qu’il avait toujours été tout ce dont il avait besoin d’être, un Yawanawá.  

Dix ans après être parti de son village, il revint chez lui avec l’intention de fortifier son peuple à l’aide de tout ce qu’il avait appris. Il choisit un site qui n’était pas contaminé par la douleur et la violence issue de l’histoire semi-esclavagiste de l’extraction du latex et il y fonda Nova Esperança, où il habite et s’emploie à former ses proches à communiquer avec ceux qu’il appelle “les grands savants qui sont arrivés par les eaux”.

“Répandons notre culture dans le monde universitaire, avec respect et dignité. Répandons notre message d’humanité dans le monde scientifique”

Cacique Bira Yawanawá

Bira contribua à éduquer une nouvelle génération, celle de ses fils, qui est, selon lui, la génération d’indigènes brésiliens la mieux formée à ce jour. Elle compte aujourd’hui plus de 20 jeunes Yawanawá de formation supérieure, y compris quatre médecins.

Conscients de leurs capacités et fiers de leur origine, ces jeunes sont connectés au reste du monde et ont pu apprendre à s’exprimer en toute sorte d’occasion. Et cela ne leur a pas empêché d’apprendre leur langue et leurs coutumes. Ce sont des professionnels de santé qui peuvent prescrire des médicaments de pharmacie comme les remèdes de la forêt, ce sont des spécialistes qui maîtrisent leurs livres comme les chants de soin.

“Il ne faut pas qu’on vieillisse sans laisser un héritage sur cette terre, sans laisser l'empreinte de nos pas! ”

Cacique Bira Yawanawá

Ces jeunes ont tous le droit de choisir leurs propres chemins, avec la certitude d’avoir une terre natale, un foyer quelque part près des sources des plus grands fleuves du monde. Plus ils parcourent le monde, plus ils songent que ses meilleurs fruits sont ceux qu’ils pourront cueillir à l’ombre de cette forêt immense, l’Amazonienne. Ils partageront leur cueillette avec le village global qui a soif de leur sagesse, celle qui connaît les grenouilles dont le venin libère et les vents dans lesquels les ancêtres nous embrassent. Rêve = Avenir, pourrait-on tirer du dictionnaire Yawanawá.

entretien

Bira Yawanawá (1ère partie)

10min14

entretien

Bira Yawanawá (1ère partie)

10:14

entretien

Bira Yawanawá (2ème partie)

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entretien

Bira Yawanawá (2ème partie)

03:35

entretien

Tashka Yawanawá

08min24

entretien

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Outtakes

Chanson nocturne chez les Yawanawá

05min12

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